Le Maroc tient une place importante dans ma famille. Mes grand-parents des deux côtés y ont vécu longtemps, et mes parents y ont grandi : c'est d'ailleurs là qu'ils se sont rencontrés. C'est également le premier voyage en avion que j'ai fait à l'âge de quelques mois pour aller rendre visite à ma grand-mère. Il y a donc beaucoup d'histoires et de folklore familial autour du Maroc. Ma mère a même écrit une biographie émouvante sur la vie de ma grand-mère qui m'en a beaucoup appris sur sa vie là -bas. C'est donc avec un peu de trépidation que j'ai pris le livre de Slimani. En tant que Marocaine, elle a forcément une perspective différente de l'histoire de son pays que moi qui n'y suis plus qu'une touriste malgré mes racines. Et pourtant je n'avais pas à hésiter. Slimani donne le récit d'une histoire complexe avec tout son lot de contradictions : des Marocains prêts à se battre pour la France, des Français prêts à construire un pays qui n'est pas le leur, le racisme et l'amour, l'indépendance et l'intolérance, les progrès du passé et ses regrets, la promesse du futur et son incertitude. Plus que tout, j'ai adoré la façon dont Slimani a réussi à interpeller tous les sens : les paysages, les odeurs, les goûts, les sons et les textures. Peut-être y suis-je plus sensible mais n'importe qui connaît le Maroc retrouvera ses saveurs avec délice, car au bout du compte, c'est le pays qui est au cœur de ce roman.
Sur la photo se trouve une fibule montée sur une planche coranique. Je l'ai récupérée après le décès de ma grand-mère, un souvenir familial du Maroc mais aussi un symbole du goût du voyage que mes grands-parents et mes parents m'ont transmis.
Ma critique de livre se trouve sur LibraryThing, sous le pseudo Cecilturtle.
