Ce matin, mon chat ne m'a pas laissé faire la grasse matinée. À 6 heures du matin, il a réclamé sa pâtée en me faisant de tendres câlins insistants, et donc dès 8 heures, j'étais prête à bouger. C'est ainsi que je me suis trouvée sur les sentiers avant 9 heures, ce qui n'est définitivement pas dans mes habitudes. Je n'ai pas regretté : les weekends, les sentiers de la Ceinture verte d'Ottawa sont occupés, et le confinement ne fait qu'ajouter au nombre de randonneurs. En arrivant tôt, j'étais sûre d'être parmi les premiers.
Je suis allée au secteur Mer bleue avec l'idée de faire la grande boucle du Parking 22 que je n'avais jamais faite. J'ai beau essayer faire des efforts de bouger tous les jours, la pandémie commence à avoir des effets sur mon corps trop souvent et longtemps assis. Le beau temps est revenu; plus d'excuses! J'y ai été accueillie par tous les copains habituels : l’écureuil en train de piquer dans la mangeoire des oiseaux, les moineaux m'espionnant pour voir si j'avais des graines, un geais bleu mécontent d'être dérangé dans son petit déjeuner et même une musaraigne qui a vite fait de se cacher.
Le mois d'avril est mois curieux pour se promener; on se sait jamais trop à quoi s'attendre. Ce n'est pas pour rien qu'il y a une multitude de proverbes : En avril, ne te découvre pas d'un fil! Quand avril commence trop doux, il finit le pire de tous. Et bien sûr, Poisson d'Avril! Ma promenade a commencé sur le mode printemps : les bourgeons pointent sur les branches et les buissons; les oiseaux piaillent fort et le ciel est bleu clair. Elle a continué sur les restes de l'automne : des feuilles blanchies par le froid jonchent le sol; les hautes herbes ont l'apparence de paillasse; les champignons poussent encore sur les souches. Elle s'est poursuivie sur des relents d'hiver : des plaques de glace résistent dans l'ombre; des monticules de neige se blottissent contre les rochers; un vent frais se soulève subitement. Et enfin, elle s'est terminée sur l'été : le soleil brille haut dans le ciel; des odeurs de lotion solaire traînent dans le stationnement; les enfants jouent autour de la table de pique-nique.
Étonnant de vivre tout ça en deux heures, non?
